Saturday, August 19, 2006

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Bonjour mon rêve évanescent,

Quel difficile est vivre sans rien faire! Seulement sentir, penser, lire, méditer, manger, boire, dormir, à peine agir, se laisser pénétrer par la vie comme un amant fasciné mais nonchalant, s'abandonner à la volupté de la sensibilité fendue, comme un malade de mélancolique tristesse, comme ceux héros romantiques qui se laissaient mourir d'amour et de peine...
Quelle grandeur dans cette attitude! Quelle pureté! Quelle sincerité!
Consideré maladif (?), cet abandon est le chant plus belle que l'on puisse faire à la verité des sentiments: donner la vie à tout jamais à l'être aimé, peut-on faire un meilleur cadeau?
Oui, je sais déjà, cela n'est pas très pratique, mais qui cherche-t-il le pratique dans l'amour? Seulement ceux qui ne savent pas aimer, ceux qui sont impuissants pour aimer, ceux qui font de l'amour (?) un affaire.
Si il y a une caracteristique qui définisse plus proprement l'amour elle est son gratuité, son caractère alleatoire, son esprit de chance.
Le calcule tue l'amour, c'est la mort de l'amour, c'est le contraire de l'amour. Dans l'amour on ne se calcule pas, on s'adonne à l'hasard de l'autre sans réserves. Toute autre chose serai se mentir, il serai intérpreter un rôle fictif, il serai vivre une mensonge.
L'amour triomphant est celui qui s'exprime sans réserves et sans peur, il ne craint rien, il vit confié dans sa propre force, dans sa propre sûreté, dans sa propre immortalité.
Un amour comme ça n'est pas fréquent, je le sais bien, mais je le défendrai toujours. Je sais qu'il existe. Peut être que j'en sois un heureux, qui sait?

Et maintenant des vers de mon cher Stéphane Mallarmé; mon état émotiennel actuel peut avoir quelque chose à voir avec eux,


Voit des galères d'or, belles comme des cygnes,
Sur un fleuve de pourpre et de parfums dormir
En berçant l'éclair fauve et riche de leurs lignes
Dans un grand nonchaloir chargé de souvenir !

(...)
Je me mire et me vois ange ! et je meurs, et j'aime
- Que la vitre soit l'art, soit la mysticité -
A renaître, portant mon rêve en diadème,
Au ciel antérieur où fleurit la Beauté !

(...)
Est-il moyen, à Moi qui connais l'amertume,
D'enfoncer le cristal par le monstre insulté
Et de m'enfuir, avec mes deux ailes sans plume
- Au risque de tomber pendant l'éternité ?

Les Fenêtres, S. Mallarmé

Votre très dévoué serviteur.

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